Être parent lorsque l’on est traumatisé

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Devenir parent est un moment de transformation profonde pour toute personne. Mais lorsque l’on porte en soi un traumatisme non résolu, ce rôle peut devenir encore plus complexe et chargé émotionnellement. En tant que parent ayant vécu un traumatisme, certaines situations avec votre enfant peuvent activer des blessures émotionnelles profondes. Cela peut entraîner des réactions parfois difficiles à comprendre et à gérer. Dans cet article, nous explorerons les défis spécifiques auxquels font face les parents traumatisés, les raisons sous-jacentes de ces difficultés, ainsi que des techniques pratiques pour réguler vos émotions et soutenir la co-régulation émotionnelle avec votre enfant.

Les défis supplémentaires pour les parents traumatisés

1. Activation des traumatismes dans les interactions parent-enfant

Les enfants, en particulier les jeunes, ont une capacité innée à activer des émotions intenses chez leurs parents. Ils peuvent déclencher, souvent sans le vouloir, des souvenirs douloureux ou des réactions défensives chez un parent traumatisé. Voici quelques exemples de situations où cela peut se produire :

Comportements de dépendance ou de besoin : Les enfants ont naturellement besoin de sécurité et de réassurance. Cependant, un parent ayant des antécédents de négligence émotionnelle ou d’abandon peut trouver ces demandes écrasantes. Le besoin constant de l’enfant peut réveiller des sentiments d’impuissance ou de rejet, provoquant ainsi une activation du traumatisme.

Les crises de colère ou l’opposition : Les réactions émotionnelles des enfants, comme les crises de colère ou les refus, peuvent rappeler des situations où le parent s’est senti sans contrôle dans le passé. Cela peut éveiller une peur sous-jacente d’être insuffisant ou impuissant, menant parfois à des réactions disproportionnées.

Le contact physique : Pour certains parents ayant vécu des abus physiques ou sexuels, même un contact physique innocent avec leur enfant peut réveiller des souvenirs sensoriels désagréables ou intrusifs.

2. Difficulté à offrir une réponse émotionnelle sécurisante

Un parent traumatisé peut avoir du mal à offrir une régulation émotionnelle stable et sécurisante à son enfant, simplement parce qu’ils luttent eux-mêmes pour gérer leurs propres émotions. La régulation émotionnelle est la capacité à rester calme, centré et présent, même face aux comportements difficiles de son enfant. Cela peut être extrêmement difficile lorsque des souvenirs traumatiques ou des réactions de stress automatique (comme le “fight, flight, freeze”) sont déclenchés.

3. Peurs exacerbées pour la sécurité de l’enfant

Les parents ayant vécu des traumatismes, en particulier des traumatismes liés à la violence ou à la négligence, peuvent être hyper-vigilants face aux dangers potentiels. Cela peut entraîner une surprotection excessive ou une anxiété constante pour la sécurité de leur enfant. Bien que cela soit souvent motivé par un désir de protéger, cela peut aussi devenir un fardeau émotionnel et entraver le développement d’un environnement de sécurité émotionnelle pour l’enfant.

Les causes sous-jacentes : Pourquoi ces défis émergent-ils ?

Pour comprendre pourquoi ces situations sont si difficiles, il est essentiel de comprendre la manière dont le traumatisme fonctionne dans le cerveau. Les traumatismes, en particulier les traumatismes complexes ou les traumatismes de l’enfance, affectent profondément la régulation des émotions et la perception des menaces. Lorsqu’un traumatisme est non résolu, il laisse une empreinte sur le système nerveux, qui devient alors hyper-réactif aux déclencheurs émotionnels. Des situations qui pourraient sembler mineures à une personne non traumatisée peuvent, chez un parent traumatisé, activer des réponses intenses et automatiques de survie.

En particulier :

L’amygdale, partie du cerveau responsable de la réponse à la peur, peut s’activer rapidement face à une menace perçue, même si cette menace n’est pas réelle ou immédiate.

Le cortex préfrontal, responsable de la pensée rationnelle et de la régulation des émotions, peut être “désactivé” lorsque l’amygdale est en alerte maximale, rendant difficile l’accès à la réflexion calme et la prise de recul.

Dans le contexte de la parentalité, cela signifie que les interactions normales avec un enfant peuvent parfois être interprétées comme des menaces émotionnelles, activant des réactions de défense ou de retrait.

Techniques pratiques de régulation émotionnelle et de co-régulation

1. Respiration consciente

Une des méthodes les plus efficaces pour calmer un système nerveux hyperactif est la respiration consciente. Lorsque vous sentez qu’une situation vous submerge, essayez cette pratique simple :

• Prenez une respiration profonde en comptant jusqu’à 4.

• Retenez votre souffle pendant 4 secondes.

• Expirez lentement en comptant jusqu’à 6 ou 8.

Cette technique active le système parasympathique, qui aide à calmer l’amygdale et à ramener une sensation de calme. Faire cela quelques minutes permet de réduire l’intensité émotionnelle.

2. La méthode de mise à distance (Grounding)

Lorsqu’une réaction traumatique est activée, il peut être utile de se “reconnecter” au présent en utilisant des techniques de grounding. Par exemple :

• Prenez un objet dans votre main et concentrez-vous sur sa texture, son poids, sa température.

• Utilisez la technique des 5 sens : trouvez 5 choses que vous pouvez voir, 4 que vous pouvez toucher, 3 que vous pouvez entendre, 2 que vous pouvez sentir, et 1 que vous pouvez goûter.

Cela permet de réorienter votre esprit vers le moment présent et d’interrompre la cascade émotionnelle.

3. La co-régulation parent-enfant

La co-régulation est un processus où le parent aide l’enfant à réguler ses émotions en modélisant un comportement apaisant. Cela peut être particulièrement utile lorsque l’enfant traverse des moments de frustration ou de colère. Voici comment co-réguler :

Restez calme : Lorsque votre enfant est en crise, essayez de ne pas réagir de manière disproportionnée. Si vous avez besoin de quelques secondes pour vous calmer, respirez profondément avant d’interagir avec lui.

Utilisez le toucher doux : Si cela est confortable pour vous et votre enfant, un contact physique doux (comme tenir la main ou un câlin) peut être un puissant outil de co-régulation. Cela envoie un signal de sécurité à son cerveau.

Parlez doucement et lentement : Lorsque vous parlez à votre enfant en colère, baissez le ton et ralentissez votre débit de parole. Cela incitera naturellement l’enfant à s’apaiser et à suivre votre rythme.

Vers une parentalité résiliente

Malgré les défis que peut poser la parentalité lorsqu’on est soi-même traumatisé, il est important de se rappeler que vous êtes aussi un parent résilient. Le fait que vous soyez conscient de vos propres blessures et que vous vous efforciez de les comprendre est un signe de force.
Votre capacité à modéliser la guérison et la résilience pour vos enfants, à montrer que l’on peut surmonter des difficultés émotionnelles, est l’un des plus beaux cadeaux que vous puissiez leur offrir.

En travaillant à la fois sur votre propre régulation émotionnelle et sur la co-régulation avec votre enfant, vous créez un environnement plus sécurisé, basé sur l’empathie et la connexion.
Vous n’avez pas besoin d’être un parent parfait ; ce qui compte, c’est de montrer à vos enfants comment naviguer dans les moments difficiles avec compassion et persévérance.

Avec le temps, patience et soutien, il est tout à fait possible de devenir non seulement un parent attentif, mais aussi de transformer vos propres blessures en force pour offrir à vos enfants un environnement où ils peuvent grandir en toute sécurité, émotionnelle et physique.

Quand se faire accompagner ?

Se faire accompagner est un acte de force, et un pas vers une parentalité plus épanouie pour vous et votre famille.

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