Le people-pleasing, souvent traduit par le fait d’être “trop gentil”, est un comportement qui découle souvent de la réponse de survie dite “fawn”, en réponse à des traumatismes. Cette réponse, identifiée par le thérapeute Pete Walker, représente une stratégie d’adaptation où l’individu cherche à apaiser, plaire ou satisfaire les autres afin d’assurer sa propre sécurité ou d’éviter d’autres agressions. Il s’agit donc d’une forme de mécanisme de défense face à des situations perçues comme dangereuses, où l’individu priorise les besoins des autres au détriment des siens.
Pourquoi sommes-nous trop gentils ?
Le “people-pleasing” trouve souvent ses racines dans des expériences d’enfance marquées par un manque de sécurité émotionnelle ou par des situations traumatisantes répétées. Les enfants élevés dans des environnements où ils ont été témoins de négligence, d’abus, ou d’une absence de soutien émotionnel, développent souvent cette réponse pour minimiser les conflits et garantir leur sécurité. Ce comportement devient ainsi une manière de se protéger contre des menaces perçues, telles que le rejet, l’abandon ou la punition, et se traduit par un besoin intense de validation et d’acceptation de la part d’autrui.
Le lien avec la psychologie et les thérapies informées par le traumatisme
D’un point de vue psychologique, le people-pleasing est souvent lié à des croyances fondamentales négatives sur soi-même, telles que “je ne suis pas assez bien” ou “je dois plaire pour être accepté(e)”. Dans le cadre de la thérapie IFS (Internal Family Systems), ces comportements sont perçus comme des “parts protectrices” qui cherchent à éviter la souffrance en maintenant un état de contrôle apparent. Ces parts protègent l’individu contre des blessures émotionnelles plus profondes, mais elles peuvent également limiter l’expression du vrai soi, appelé “Self”.
En thérapie informée par le traumatisme, il est crucial de reconnaître et de travailler avec ces parts, de comprendre leur fonction protectrice et d’apprendre à établir des limites saines. Le Somatic Experiencing peut aussi être utilisé pour traiter les réponses corporelles associées au traumatisme, permettant à l’individu de relâcher les tensions physiques liées à cette réponse de survie.
La réponse de survie “fawn”
La réponse “fawn” est une extension des réponses de survie classiques (lutte, fuite, sidération), et se manifeste par des comportements d’apaisement pour éviter des conséquences négatives. Dans un contexte traumatique, cela peut se traduire par une incapacité à dire “non”, à établir des limites ou à exprimer ses propres besoins. En s’efforçant de plaire à tout prix, l’individu cherche à éviter le danger, même si cela signifie sacrifier son bien-être personnel.
Conséquences du people-pleasing
À long terme, le people-pleasing peut mener à des problèmes de santé mentale tels que le stress chronique, l’épuisement émotionnel, la déconnexion de soi et la formation de schémas relationnels malsains. Il est également associé à des relations où l’individu se trouve dans des cycles d’abus ou de domination, car son besoin d’approbation est exploité par les autres.
Surmonter le people-pleasing
Travailler avec un thérapeute spécialisé, notamment en IFS ou en thérapies informées par le traumatisme, peut aider à identifier les croyances limitantes et à redonner de la place au Self authentique. Apprendre à reconnaître et à accueillir ces parts “people-pleaser” permet de trouver un équilibre entre le besoin d’être bienveillant et celui de se respecter soi-même.
En conclusion, bien que ce comportement puisse avoir des origines profondément ancrées, il est possible de le transformer grâce à un travail thérapeutique adapté, permettant de développer des relations plus saines et authentiques, et de vivre en accord avec ses propres besoins et valeurs.
Sources :
• PTSD Info : Fawn Trauma Response
• GoodTherapy : People Pleasing
• CPTSD Foundation : Trauma and Powerlessness